Hier je tombais sur une télévision tierce (les lecteurs avisés comprendront, les autres nageront dans un océan de perplexité) sur une émission genre "spéciale BHL" ... ouh je me dis ça va être du lourd, du costaud, le genre de dégoulinade de platitudes comme on les aime à la télé (que je n'ai pas - ça y est je l'ai dit).
Bon, je vous coneille une pré-lecture des différents articles du génialissime
Seb' Font' au sujet de BHL, y'en a quelques uns de bien tendus du slip...
J'ai donc eu droit à une apparition d'Oliver Besancenot (très calme et toujours très intéressant de mon point de vue) trop courte, histoire d'entendre BHL débiter quelques conneries sur la "secte gauchiste". Mais en parlant de secte - prémisse à toute religion - je voudrais parler de ce qui sous-tend le discours débile d'un BHL comme d'autres.
La Croissance.
La croissance, pour un mec comme BHL, il l'a encore dit, en fustigeant la décroissance - ou plutôt l'idée qu'il s'en fait - ou plutôt l'idée qu'il voudrait que ses auditeurs en aient - et ces tarés qui voudraient nous faire revenir à l'âge de pierre ... et bla bla bla...
La croissance c'est une religion, un culte, dont les apôtres sont multiples et omniprésents, le culte d'une pratique hautement destructrice et meurtrière, pas seulement en terme de vies au moment présent ou passé, mais en terme de futur.
Et partout tout le temps on doit s'incliner, louer ses bienfaits que la réalité contredit sans arrêt.
La croissance apporte l'emploi (rapelez moi depuis combien de temps on est en croissance en France et dans le monde)
La croissance apporte la paix, le bonheur, la joie et la liberté.
On dépèche des émissaires spéciaux pour assurer l'avenir de la croissance,
un certain Attali par exemple... il faut lire cet article, il y a tout d'un évangile.
Les propositions de M. Attali "s'articulent autour de deux grands axes: accroître la concurrence pour augmenter le pouvoir d'achat et mettre la politique du territoire et du logement au service de la croissance", a déclaré M. Martinon.
Afin de mettre la concurrence "au service du consommateur", le rapport d'étape préconise la création d'une "Autorité de la concurrence", indépendante et unique, ainsi que la possibilité pour certaines "associations représentatives et agréées" de lancer des "actions de groupe". La CLCF recommande toutefois d'encadrer précisément ces "class actions" à la française pour éviter les procédures abusives.
Ahhhhh.... c'est bôooooooo !
Ca veut dire quoi ? bon en gros fusiller les lois sociales, ça c'est en cours. Augmenter le pouvoir d'achat ! Une pure merveille, acheter plus pour ... pourquoi on sait pas, mais acheter plus, jeter plus, bouffer plus, plus plus plus, rassurez vous, c'est la pure vérité, plus vous vous goinfrez de merdes made in china, plus la croissance va bien, plus vous polluez, mieux elle se porte... changez donc de téléphone portable tous les 6 mois, la croissance adore ça... d'ordinateur tous les ans, un vrai régal ! achetez vous des pompes tous les mois, une merveille !
Peu importe après tout ce qu'il y a derrière, comment finissent nos bijoux technologiques, il faut consommer, nous avons dépassé la société capitaliste, c'est une société de consommation pure, qui tient à un fil.
Moi, je ne suis pas un consommateur, je suis au pire un citoyen, je ne me définis pas par mes actes de consommation, je ne rentre pas dans un putain de panel, je ne suis pas une stat dans un sondage, j'emmerde le PIB.
Sur le sujet de la décroissance, je vous conseille
cet article, qui est bien posé à mon sens.
La société de croissance n'est pas soutenable, et le «développement durable» n'est qu'un gadget à ranger sur le rayon des tartes à la crème. Ce n'est pas l'adjectif «durable» ou «soutenable» qui est en cause, mais la notion même de développement. C'est évidemment sur ce point que la notion de décroissance est extrêmement choquante puisqu'elle sous-entend qu'il y aurait un «au-delà du développement», idée presque impensable qui remet en question tout l'imaginaire occidental, fondé sur une croyance aveugle dans le mythe du progrès depuis plus de deux siècles.
La décroissance n'est certainement pas un nouveau dogme idéologique, fourni clés en main à une humanité désorientée par les échecs du socialisme et du capitalisme. Elle est fondée sur une autre représentation du monde. Je pense en effet qu'elle se rattache à ce que l'histoire a retenu sous le nom de «romantisme révolutionnaire», une sensibilité singulière qui relie des penseurs comme Michelet, Fourier, Marx, Engels, Ernst Bloch, Georges Bataille, Walter Benjamin, Henri Lefebvre, l'expressionnisme, le surréalisme et les situationnistes. Il est possible d'en résumer l'essentiel de la manière suivante : le dépassement de la banalisation utilitaire dans l'usage du monde n'est possible qu'à travers une nouvelle culture capable de réintégrer l'imagination poétique au sein des activités et des orientations humaines. Cette élévation est seule en mesure de réveiller un authentique sens commun. Le romantisme s'insurge contre la mécanisation, la réification, la rationalisation abstraite et la quantification des rapports sociaux. Comprise comme un idéalisme objectif, la très jeune idée de décroissance peut revivifier la notion d'utopie dévoyée par les monstruosités du siècle précédent. Mais, en même temps, il ne faut se faire aucune illusion, le chemin sera rude – ce qui ne veut pas dire triste, car la décroissance nous invite à un usage de l'espace et du temps porteur d'une «éthique du partage, de la justice et de la fraternité».
Toute personne qui admet du bout des lèvres que l'environnement est menacé, qui admet que nous avons flingué une bonne partie de la planète durablement, que le pétrole finira plus vite que prévu par se tarir, toute personne qui entrevoit ces faits et qui continue à louer religieusement la croissance est une ordure ou un abruti fini, et dans les deux cas il lui faut un traitement de choc.
Je préconise le goulag.
Commençons donc par
les socialistes !
Moins de croissance, c’est aussi moins de recettes fiscales pour le budget du pays. Les Français vont donc payer une deuxième deux fois le paquet fiscal, car la dégradation de nos finances publiques est désormais inévitable.
C'est pas du gros discours bien bourrin de droite ça ?
La croissance, c'est la croissance des profits de quelques uns. C'est un niveau de vie de gros porcs d'occidentaux gavés de merdes qui tient à la destruction systématique de l'environnement. C'est ça la croissance, et son nouveau testament c'est quoi ?
La croyance dans l'idée navrante que la science (les pesticides, les substances cancérigènes, les OGM, le diesel) va résoudre les problèmes que ... euh ... ah ouais qu'elle a causés. La science ne nettoiera pas les cours d'eau, les nappes phréatiques, la science de supprimera sans doute jamais les déchets nucléaires, elle ne fera pas repousser les forêts primaires, revivre les poissons et les multiples exctinctions d'espèces que la croissance a généré.
Il est souvent fait un parrallèle entre une famille et la France pour expliquer que décidément on est en crise, on aplus de sous et patati et patata... mais on ne parle jamais des ressources de cette famille, où habite-t-elle ? dans une éprouvette ? dans l'espace ? hors-sol ? cette famille c'est simple, elle est morte depuis longtemps car les déchets de son activité l'ont étouffé en même temps que sa suffisance.