On était là-bas

Bon, je commence par un coup de gueule qui n'en sera pas vraiment un !
Merci Daniel Mermet de nous avoir privés de la présence de Serge Halimi !
Voilà, plutôt court comme coup de gueule, mais bon, faut dire que Mermet a demandé en dernière minute à Halimi d'être présent à la petite sauterie de soutien à son émission et surtout de mise en question de l'avenir de France Inter (qui adresse des questions sur les médias en général).
Donc, Hier soir, nous (enfin un pote et moi et quelques petites dizaines d'autres personnes) assistions à une conférence-débat organisée par Attac Sud 93 au sujet des médias, et donc animée par le seul Pierre Rimbert avec en perspective son livre sur Libération.


D'abord, Pierre Rimbert, détendu, simple et le discours très très clair, je n'ai pas du tout été déçu, voire j'ai été séduit si j'ose dire.
La conférence ensuite, plusieurs parties dont certaines reprenaient les propos d'Halimi dans les nouveaux chiens de garde, et d'autres plus propres à l'actualité et quelques ouvertures intéressantes sur la télé et les médias (ça tombe bien, c'était le sujet).
Les parties en question étaient :
  • Liberté de la presse
  • Economie de la presse
  • Censure du propriétaire
  • Information marchandise
Puis des conclusions sur des idées de changement, les évolutions actuelles à Libé, France Inter et réponses à questions sur Internet et le financement public des médias d'information ou l'influence de la publicité.

Moment assez hilarant, le décryptage des suppléments Noel du Nouvel Obs, ce "mensuel de gauche bien connu que le monde nous envie" et dans lesquels Laurent Joffrin fait l'apologie de la consommation de masse, de l'achat, des objets comme lien social et familial, comme symbole de la trêve de Noel... etc.

Conférence vraiment très intéressante, un grand merci à Attac 93, merci au planB. Aujourd'hui, les menaces sur la pluralité sont plus fortes que jamais et comme le dit Pierre, l'existence des alternatifs ne peut avoir comme but que de rétablir un équilibre dans les grand médias, car l'accès aux médias underground est par définition inégalitaire, à l'exemple d'internet, et malgré sa "démocratisation" et la richesse de son contenu. Je vais écouter l'émission d'aujourd'hui de Mermet pour avoir une idée des idées qui auront pu sortir de leur débat d'hier, en espérant que certains changements vont s'opérer à contre-courant de ce à quoi on peut assister en ce moment à Libé.

J'ai enregistré la conférence et j'espère bien la mettre en ligne ici.

la connerie du jour

Dans la famille des amis, je voudrais M. Devedjian (désolé je sais pas comment ça s'écrit et je m'en tape). Invité comme à peu près toutes les deux semaines du 7-9 de France Inter (oui je sais je suis maso mais j'aime ça), ce "responsable de la com de M. Sarkozy" a des idées bien arrêtées en matière d'économie et je ne doute pas un instant qu'il fera partie du prochain gouvernement, au moins au titre de "services rendus à la cause du pti patron".

Ordoncques, l'info du jour (mise à part la coupe du monde...) est l'alliance surprise entre Mittal et Arcelor (union qui visiblement doit plus à l'offre de rachat des actions revue à la hausse qu'à tout autre paramètre). Cette alliance fait quelque remou depuis les premières offres de rachat et on a entendu depuis lors de nombreuses théories sur "le patriotisme industriel" et autres joyeusetés selon lesquelles parfois il faut quand même se protéger ... mais protéger quoi, de qui, on ne sait pas trop, peut être protéger un patron d'une filliale française assi sur un pactole... on sait pas.

M. Devedjian interrogé sur cette affaire a alors cette monumentale tirade (répétée pour une meilleure assimilation) :
On peut espérer que chaque état ne mette pas son nez dans l'économie [des sociétés], sinon ça aboutirait à des catastrophes.

C'est donc acquis, nous avons la démonstration en direct de ce qui caractérise notre monde :
- Aucun état n'intervient dans l'économie
- Nous ne souffrons de ce fait d'aucune catastrophe

Donc, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, les entreprises vont là où elles doivent aller, on se contrefout de qui rachète qui, on doit se réjouir de ces fusions mondiales, on doit faire confiance à ces sociétés car elles oeuvrent pour ... euh ça on sait pas mais il faut faire confiance, il faut se sortir les doigts du cul parce que le monde change et y'en a marre des fonctionnaires, et patati et patata.

Aucun journaliste n'aurait jamais eu la moindre réaction devant une telle connerie, personne en place aujourd'hui n'aurait jamais contredit ce Monsieur, pas un seul remou, la pillule bleue passe, une piqure de rappel de pillule bleue, pour continuer à dormir.

Rappelons que l'UMP n'intervient pas dans les enjeux de l'économie numérique au profit des ses copains patrons d'industrie brevetée. Que nos chers députés européens n'interviennent pas dans l'économie de l'agroalimentaire en faveur de leurs copains patrons de multinationnales productrices d'OGM. Que les mêmes ne décident pas contre leur peuple de son avenir social en érigeant en loi des préceptes économiques qui n'ont pas la moindre légitimité et qui ont prouvé leur capacité de nuisance.

M. Sarkozy fait le beau à la télé, il envoie ses émissaires, un ministre issu de l'immigration, un ministre homosexuel, une politique violente mais qui explique que c'est pour le bien de tout le monde, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est 2000 fois plus doué que les socialistes en matière de com, eux qui n'ont jamais reçu les associations homo... Allons, dans pas longtemps on sera tous persuadés que le vote utile... c'est Sarko.

le foot vous fait chier

Oulà, je vais pas cartonner avec un titre aussi grossier ! Mais je dois dire que parler d'un tel sujet m'emmerde profondément, alors pourquoi en parler, ben encore une fois, juste pour émettre un tout petit avis dans un océan de rien.
En fait tout part d'une "info" diffusée ce matin sur France Inter :
L'audience télé d'un match de foot et par extension son déroulement peuvent être mesurées via les consommations d'eau d'une ville comme Paris.

Qu'est-ce à dire ?
En gros pour faire simple, les téléspectateurs regardent le foot, et à la mi-temps, ils vont aux chiottes... ils y vont également à la fin du match (c'est peut être pas les mêmes, mais ça, on en sait rien). En fait, on peut raisonnablement se pencher sur cette information de merde, après tout, c'est ça l'info, on en discute autour d'un café parce qu'on a rien de mieux à faire. Déduction logique : le foot fait chier ceux qui le regardent - j'entends déjà les protestations du genre "mais non, le foot c'est cool, mais on le regarde en buvant de la bière et ça donne envie de pisser alors on y va à lami-temps et à la fin" - mais non, je ne crois pas à cette explication farfelue, je pense vraiment que ça fait chier tout le monde, un peu comme une émission de Patrick Sébastien, on regarde mais on s'emmerde (jusqu'au jour où on décide de s'extirper de cette saloperie), c'est plus fort que toi, c'est comme Sega.

Du coup
Pour se préparer à passer un vrai moment de merde, il faut être au courant, et bien au courant, genre bien "vénère" ! Revue de presse, à l'aube non pas du sixième jour, mais du retour des 22 fils prodigues sur le sol Français, on apprend - si on ne l'a pas acheté - que l'Equipe consacre 9 pages à ce match (dont on sait maintenant que non seulement il va être merdique mais qu'en plus il va augmenter les envies fécales des téléspectateurs). 9 pages, c'est un minimum, il va falloir se persuader pendant 45minutes deux fois de suite que c'est super intéressant ce devant quoi on est affalé comme une huitre (j'ai pas trouvé d'image plus heureuse, désolé).

9 PAGES ! ... alors que toute l'année, les hommes politiques nous expliquent que les Français ne veulent pas de trucs compliqués, qu'ils ne peuvent pas entrer dans les détails, mais qu'il faut les croire sur parole, parce que ils se sont cassé le cul à monter des lois avec des chiffres à l'appui, chiffres qu'ils ont sous la main mais qu'ils ne vont pas commenter parce que c'est trop compliqué. 9 pages quand on nous explique qu'un débat télévisé ou un journal, ça doit aller vite, aller zou 20 minutes et on est au top pour comprendre les enjeux de notre société, temps de parole, 30 secondes sur un plateau, après, il faut que l'animateur s'en charge et vite on passe à la météo.

Alors si les gens sont capables de se taper 9 pages de conneries au sujet de conneries, avis d'anciens joueurs, d'entraîneurs, d'experts, de spécialistes du gazon, de nutritionnistes et j'en passe, statistiques, santé des joueurs, camemberts et histogrammes... si on peut bouffer ça, on doit pouvoir écouter un "discours"... écouter un homme politique mettre à plat des idées et se faire la sienne.
C'est un fait, et j'en parlais déjà au sujet de l'émission de Daniel Mermet, nos médias nous servent de la merde et les informations utiles aux gens sont reléguées en fond de tiroir. Ce qui est plus grave, c'est que tout ça est calculé, que comme Swami le dit au sujet des fichiers ADN, ou mikkado au sujet du pays Basque, nous sommes submergés d'information qui n'en est pas et sans le moindre recul, pour alimenter l'écran de fumée qui occulte la ou les éventuelles protestations.

Bon
Si petit à petit nous pouvons arriver à nous détacher de ça, penser autrement, pourquoi ne pas imaginer des changements plus lourds ? Je vais aller à cette soirée débat, au sujet des médias justement, sans doute, je ferais un pti compte rendu.

Là Bas si on y est

Je ne pense pas changer quoi que ce soit en écrivant ces quelques lignes, mais juste attirer peut être un peu plus l'attention des passagers clandestins sur ce blog, sur un sujet qui pour être récent dans mon interêt n'en sucite pas moins une assez vive émotion.

L'émission de Daniel Mermet est-elle une institution ? Des gens essaient-ils de conserver à son poste encore un dinosaure des médias ? Les critiques que l'on peut faire sur la plupart des grands médias ne s'appliquent-elles pas à l'émission là bas si j'y suis ?

En fait, c'est sans doute légitime de se dire que Daniel Mermet ne mérite pas plus qu'un autre de conserver une place aussi longtemps, mais ... non. Justement parce qu'il présente une alternative tellement importante aux yeux de beaucoup de gens, justement il faut qu'il reste. Si il avait des émissions concurrentes, si d'autres que lui remettaient en question des sujets aussi variés que la mondialisation, la croissance, les médias, on pourrait se dire qu'il n'a pas plus de légitimité que PPDA. Mais ce n'est pas le cas.

On peut également se dire que finalement c'est une goutte d'eau, une exception qui confirme la règle et qui quelque part ne nuit en aucune façon aux faits qu'il critique. C'est en partie vrai puisque l'émission existe depuis de nombreuses années, et que les problèmes qu'elle adresse sont toujours et plus que jamais d'actualité. De plus, et comme on le souligne depuis cette annonce, si cette émission entrait aussi bien dans le concensus, si elle n'avait pas été quasiment le seul écho au NON au TCE, au CPE et j'en passe, sur France Inter, on pourrait se dire que cette décision de lui nuire n'a rien de stratégique ou de politique (voire cryto-libéral ... arf).

En fait, ce n'est pas tant une question de contenu que de médias au sens large. Serge Halimi en parle dans cet article (et dans son livre Les Nouveaux Chiens De Garde) en démontant depuis longtemps la concentration des médias, la prise de pouvoir des grands groupes financiers (et pas que financiers) et les connivences entre les rédacteurs de la grande majorité des titres de la presse Française. Comme l'explique Halimi, France Inter est une radio publique (si ce mot est encore autorisé et a encore un sens) et ne devrait pas ou très peu répondre à des impératifs d'audimat et une logique commerciale.
Le problème est que l'information sert - devrait servir - à former des esprits libres et citoyens, à élargir nos idées sur tous les sujets, à questionner les choix faits par nos sociétés, au niveau politique, économique ... l'information a perdu ce rôle, les médias tournent en rond et n'aiement pas visiblement que l'on se suive pas le courant.
Acrimed, qui milite depuis 10 ans pour des médias différents et une vision plus éclairée des médias actuels, propose sa vision de l'affaire. Intéressant de lire leur analyse sur l'évolution, la dérive de France Inter, dont le 7-9 ne peut être écouter sans une vraie distance, sous peine de dégout matinal.

Je ne peux que vous inviter à aller signer et à demander autour de vous de le faire, la pétition lancée par le site la-bas. org. Le site en question, pour ceux qui ne le connaissent pas, permet de réécouter les anciennes émissions, ce qui est bien pratique pour ceux qui sont gênés par cet horaire de 17h - ce qui laisse imaginer le désastre d'un horaire éventuel de 15h - et qui me laisse penser que l'audience réelle de l'émission est bien supérieure à celle "mesurée" par médiamétrie.

De la Répression


Je repense à No Logo.
Ce livre m'a ouvert les yeux sur pas mal de choses, et en prticulier sur l'action, l'action militante, celle qui vient des trippes. Starhawk avec son livre Parcours d'une altermondialiste, donne une idée assez effrayante des événements auxquels elle a participé, dont le sommet de Gènes en 2001. La violence qui est relatée est absolument sans commune mesure avec les mouvements de manifestation, mais en revanche elle est à la mesure de la puissance des autorités du G8, à l'image des rapports de force entre les pays présents et ceux exclus, entre les organisations présentes et celles à qui on ne donne pas la parole.

Un auditeur de France Culture mis en examen, pour quelles raisons ? Pour les mêmes raisons que vues plus haut, la différence de niveau entre l'attaqué et l'attaquant.

Des manifestants anti-CPE sont envoyés en prison, au mieux, de la prison avec sursis, est-ce normal ? Oui, parce qu'ils n'obéissent pas à des ordres de dispersion, parce qu'ils ont résisté à une interpellation, parce qu'ils n'avaient rien à faire dans la rue, et que de toute façon il n'y a pas de cause qui justifie d'attroupement de la sorte. J'apprends quand même qu'il est possible d'^tre violent avec un CRS, alors qu'il est bien évident que l'inverse est impensable, ou au pire autorisé. Injures, coups, violence, tout est relatif, la raison du plus fort est toujours la meilleure, c'est con, mais c'est vrai.

Des manifestants anti-nanotechnologies sont jugés pour des faits graves, méthode policière pour empêcher la polémique, bloquer les débats éventuels ou pire, une remise en question de directions prises par des gens importants... des scientifiques qui, comme pour les OGM, prétendent savoir et donc de ce fait, avoir le droit de choisir les directions à prendre. Il faudrait leur faire confiance. On entend beaucoup d'entre eux expliquer que non, l'armée n'est pas derrière ces technologies et que non, ce n'est pas l'interêt de grand groupes financiers, mais celui de l'avenir, celui des gens, de tout le monde. Mais quelle force soutient des recherches sur des moteurs propres, la police ?

Un fils de président tchadien, pour ne pas le nommer, un ministre pour ne pas le nommer non plus, bénéficient eux de clémence particulière, mais c'est normal, à l'image d'un patron de gaz de France, certaines personnes sont importantes et il faut leur assurer des revenus et une protection supérieures...

La répression, à la base, c'est quoi ? Sanctioner une infraction, ok. Depuis longtemps, c'est quoi dans l'esprit du public ? La répression policière donc, celle qui tape, celle qui fait mal, et à priori celle qui est injuste ? Signe des temps, lire les articles du Diplo sur les ventes d'armes légères, il est considéré en Europe comme dangereux pour un peuple d'alimenter un gouvernement en armes pouvant servir à la répression. On parle donc d'une répression "injuste", implicitement, parce que le peuple a le droit de s'exprimer hors pression violente de la police. Mais ça, c'est bon pour des pays où on sait qu'il existe manifestement des problèmes de gouvernement (que l'on alimente via nos ventes d'armes d'ailleurs)... mais pas pour un pays comme la France.

En France, le problème c'est quoi ? C'est que le peuple ne comprend rien, nous sommes en démocratie, nous avons des élites, et nous devons les écouter. point. Alors quand quelques milliers de connards n'ont pas compris et qu'ils croient malin de descendre dans la rue (qui n'est pas à eux mais aux voitures qui engraissent le PIB), faut bien leur taper dessus, logique, parce que non seulement ils n'ont pas compris que tout ce que l'on décide à leur place sous couvert de démocratie élue est bon, mais en plus ils feraient bien de manifester sans bruit ni violence, violence qui ne servirait à rien puisqu'on a déjà décidé pour eux !

Alors si on est poussé à l'action, il faut lire Starhawk, lire ses pensées sur la non-violence, sur toute une organisation mentale face à la tentation de céder à la violence, face aux agressions des forces de l'ordre, ne pas répliquer... C'est tout une réflexion mais telement difficile que je ne pourrais pas donner mon opinion tant elle dépend de la situation.
La violence, on la voit dans les manifestations, on voit des gens lourdement armés et protégés s'acharner sur des gens qui ne le sont pas, des gens qui sont pourtant eux aussi, violents la plupart du temps, mais cette violence n'est rarement comparable, et sans même donner le moindre jugement sur l'une des deux. La police qui tire à balles réelles sur les manifestants Argentins dans la rue, c'est justifié parce que les gens dégradent des choses dans les rues ?

Le soucis à mon avis, c'est que la violence entraine toujours la violence, c'est tellement banal comme phrase que ça semble débile. En revanche, là où ça commence à partir en live, c'est quand la non-violence est réprimée dans la violence, c'est quand la légitimité de la répression est devenue implicite et inégalitaire.

Je rajoute une référence vers un article de soutien en photos aux manifestants inculpés, une autre approche de l'image des manifestations et de la répression.