We fuck the world (2)

Le film, je l'ai enfin vu, et je dois dire que je n'ai pas été déçu.
Allez, courrez le voir, il passe dans pas mal de salles encore.

Je ne fais pas de résumé, mais peut être que mes impressions éclaireront certain(s) sur le contenu.
Il s'agit d'un documentaire en plusieurs parties bien distinctes, sans commentaire du réalisateur (ou alors des questions posées lors d'entretiens) et le tout émaillé de déclarations de Jean Ziegler, dont je parlais dans un précédent article.


Je crois que le registre est assez émotionel, pas d'étude précise, de statistiques, de montants de dollards, à part quelques citations par-ci par-là. Le propos est de montrer en somme que notre système agroalimentaire de pays riche repose sur des bases qui sont très éloignées de la conception populaire que l'on a de l'agriculture et qui est marketée lors de salons comme celui de l'agriculture à Paris.
Nous avons, c'est certain, perdu le contact avec ce que nous mangeons, nous n'avons plus de lien avec ce qui arrive dans notre assiette, et à vrai dire ça ne dérange pas grand monde, ou plutôt ça nous concerne quand on imagine vaguement qu'il y a danger potentiel, mais bon, danger pour qui ? pour quoi ? l'environnement ? notre liberté de consommer comme on veut ?

Au sujet du dernier intervenant du film, une sinistre ordure genre patron de Nestlé ou un truc comme ça, vous verrez l'archétype du capitaliste grand seigneur, celui qui en raison de son extrème importance est payé des millions, celui qui peut être éjecté à tout moment si les dividendes ne sont pas au RDV, celui qui fait passer son exploitation des salariés pour de la philantropie, qui fait croire et veut peut être se persuader que son but est de rendre les gens heureux, de créer tout plein d'emplois sympas (relire Paul Nizan - Les chiens de garde) comme peuvent le prétendre tant de liquidateurs de droits sociaux et de destructeurs de l'environnement.
Il nous fait une tirade sur l'eau, et qualifie d'extrémistes les gens qui veulent rendre les ressources vitales comme l'eau gratuites, des fous quoi, des dingues ! Alors que la raison pousse à y mettre un prix et la considérer comme marchandise comme TOUT le reste, normal, et surtout essentiel pour apprendre aux gens la valeur des choses. Il est évident que lui connait la valeur des choses, il doit savoir ce que côute le pain ou un ticket de métro, il est en mission d'évangélisation de ces connards de pauvres pour leur apprendre que si ils crèvent, il ne doivent pas pour autant oublier de payer la note.

Je cite Chomsky, via le site de Seb Fontenelle.
Les réformes néolibérales vont à l'encontre de la promotion de la démocratie. Elles n'ont pas pour but de rétrécir l'Etat, comme on le dit souvent, mais de le renforcer pour le mettre encore plus qu'avant au service des nantis. L'un des thèmes dominants est de restreindre le champ politique en transférant les décisions à des dictatures privées qui ne rendent de comptes à personne. Une méthode pour y parvenir est la privatisation, qui retire à la population toute influence potentielle sur la politique de l'entité privatisée. Une forme extrême est la privatisation des "services", catégorie qui englobe à peu près tout ce qui est d'intérêt public: la santé, l'éducation, l'eau et les autres ressources, etc. Une fois que tout cela a été sorti du champ politique par le "commerce des services", les pratiques démocratiques formelles sont largement réduites à un mécanisme de mobilisation périodique du public au service des intérêts de l'élite, et la "crise de la démocratie" est fondamentalement surmontée.

Il me semble que c'est une des démonstrations apportées dans ce film, de grandes firmes ont décidé de faire des thunes sur absolument tout sur cette planète, et quand leur folie, associée à l'aveuglement des habitants des pays riches, aura flingué tout ce qui peut l'être, ils seront déjà loin et leurs enfants paieront le prix avec les autres.

Au programme de ce film :
- de la surpêche et de la différence entre pêche et ratissage industriel
- des hybrides inutiles et des paysans pauvres
- de l'inutilité des transports de légumes à travers le monde et l'europe
- de la responsabilité de nos poulets dans la mort de l'amazonie

Et où l'on voit quand même, pour ceux qui en douteraient, que l'écologie est fondamentalement incompatible avec une quelconque politique de droite.

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