l'inversion du discours


Alors que je continue de me demander à quoi sert cette campagne électorale et ces "débats" du PS que je ne regarde pas (pas parce que je n'aime pas le PS, mais parce que je déteste la télé), la matinée sur France Inter m'a semblé plutôt intéressante.

Je termine un petit recueil de pensées de Bourdieu "Contre Feux 2" qui fait une synthèse d'interventions récentes sur différents sujets, sous la thématique d'inventer un nouveau mouvement social européen.
Ce qui me frappe depuis quelques temps déjà et dont parle Bourdieu, c'est l'inversion de la sémantique, dans beaucoup de domaines, mais surtout en matière politique, économique et sociale. Marianne faisait un long article cet été sur ce sujet, le fait que l'un des moyens de communications du libéralisme se base sur l'inversion des concepts. Une régression sera présentée comme une avancée, un "progrès", et au pire comme une nécéssaire refonte d'un système qui est la cause des problèmes que l'on essaie de résoudre; les opposants seront des "réactionnaires" immobilistes et passéistes, ancrés à leurs infâmes privilèges tels des moules sur un rocher Suchard.

J'en reviens à France Inter.
Ce matin, Nicolas Hulot est invité, ça change de sarko ou ségo, et très sincèrement, je ne me souviens pas avoir jamais entendu un auditeur, même sympathisant, commencer une intervention à l'endroit de sarko par "merci pour tout ce que vous faites et les valeurs que vous portez"... mais je suis peut être un peu trop sentimental là pour le coup.
Nicolas (ah... j'ai du mal maintenant avec ce prénom) donc, expose ses idées plutôt bien, il ne parle pas souvent dans le poste et aujourd'hui je trouve son discours plus mature, ancré dans la réalité et ouvert à beaucoup de problématiques. Reste que le principal est là, il remet au centre ce qui doit l'être : la protection de l'environnement, il part de là pour bâtir une nouvelle logique de société, et propose de se lancer dans les changements avant qu'ils ne nous arrivent en pleine gueule.
Point important, il inverse le discours de la sainte-croissance, encore louée aujourd'hui par les 3 ptis cochons roses. Il est peut être dans l'optique de remise en question du système, en tout cas, il pose des questions importantes à mon avis...


Service Public
L'émission suivante, de 9h30 à 10h30, toujours sur France Inter, propose depuis la rentrée une vision un peu critique de la "consommation" en générale. Le sujet aujourd'hui, le film Bamako.
Très bonne émission j'ai trouvé, où l'on rappelle que l'Afrique supporte le poids de notre politique et de nos choix économiques, en dehors de tout démagogisme et sans occulter la responsabilité des élites corrompues, mais il est certain que pour y avoir corruption, il faut un corrupteur, d'autant plus efficace qu'il a mis en place un système qui a assuré la dépendance du corrompu à son égard...
Quelques rappels sur le FMI, l'OMC et autres qui favorisent la misère en permettant l'importation de poulets européens, de lait européen, en disqualifiant le coton africain et dans l'ensemble, en mettant en place la dépendance de l'Afrique vis à vis du Nord et aujourd'hui de l'Asie.

Je suis simplement étonné et plutôt content de voir qu'aujourd'hui on peut laisser la place à des discours diamétralement opposés à ce que l'on nous a imposé depuis le berceau, la capitalisme et ses vertus, celles que l'on voit, celles que l'on mesure, et celles que l'on nous promettait, jeunes quand on nous disait que l'équipement des foyers français en télé allait s'accroitre... le point de vue nombriliste, celui qui oublie l'autre et qui le stigmatise quand il vient demander sa part en s'installant dans "ton" pays...

Dans le même registre sémantique, j'ai beaucoup aimé l'article d'el ryu au sujet du mythe médiatique de la guerre des générations, ces auteurs de la nouvelle république des idées (sic) qui ont toujours un avis sur tout et souvent d'après les médias et même les politiques, ce serait le bon. On apprend par exemple que l'on devrait d'une manière ou d'une autre blâmer les générations précédentes pour leurs méfaits aussi bien sociaux qu'écologiques... certes, mais il n'est jamais question de remettre en cause le système.

Moi par exemple, si je suis athée, c'est que je rejette le système, pas les gens, je ne vais pas taper sur mes ancêtres, même si je suis capable de reconnaître que certains ont participé à un truc que je n'approuve pas vraiment. Pour l'Afrique, je pense qu'il est inutile de forcément chercher la faute de tel ou tel pays, mais bien de se demander si le système qui a été mis en place n'est pas bel et bien la source de beaucoup des problèmes. Et quand on parle d'immigration en tant que problème sans parler des raisons à la source de ce "problème", c'est que l'on a aucune intention de les résoudre, il n'y a qu'à voir les USA monter leur mur avec le Mexique pour comprendre la vacuité d'un tel raisonnement. On pourra toujours dire que c'est facile à dire et qu'il faut plein de police pour taper sur ceux qui déconnent, il viendra un jour où ceux qui se font taper dessus seront plus nombreux et éventuellement mieux armés que les policiers, et là, l'inversion se fera de force.

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