Là Bas si on y est

Je ne pense pas changer quoi que ce soit en écrivant ces quelques lignes, mais juste attirer peut être un peu plus l'attention des passagers clandestins sur ce blog, sur un sujet qui pour être récent dans mon interêt n'en sucite pas moins une assez vive émotion.

L'émission de Daniel Mermet est-elle une institution ? Des gens essaient-ils de conserver à son poste encore un dinosaure des médias ? Les critiques que l'on peut faire sur la plupart des grands médias ne s'appliquent-elles pas à l'émission là bas si j'y suis ?

En fait, c'est sans doute légitime de se dire que Daniel Mermet ne mérite pas plus qu'un autre de conserver une place aussi longtemps, mais ... non. Justement parce qu'il présente une alternative tellement importante aux yeux de beaucoup de gens, justement il faut qu'il reste. Si il avait des émissions concurrentes, si d'autres que lui remettaient en question des sujets aussi variés que la mondialisation, la croissance, les médias, on pourrait se dire qu'il n'a pas plus de légitimité que PPDA. Mais ce n'est pas le cas.

On peut également se dire que finalement c'est une goutte d'eau, une exception qui confirme la règle et qui quelque part ne nuit en aucune façon aux faits qu'il critique. C'est en partie vrai puisque l'émission existe depuis de nombreuses années, et que les problèmes qu'elle adresse sont toujours et plus que jamais d'actualité. De plus, et comme on le souligne depuis cette annonce, si cette émission entrait aussi bien dans le concensus, si elle n'avait pas été quasiment le seul écho au NON au TCE, au CPE et j'en passe, sur France Inter, on pourrait se dire que cette décision de lui nuire n'a rien de stratégique ou de politique (voire cryto-libéral ... arf).

En fait, ce n'est pas tant une question de contenu que de médias au sens large. Serge Halimi en parle dans cet article (et dans son livre Les Nouveaux Chiens De Garde) en démontant depuis longtemps la concentration des médias, la prise de pouvoir des grands groupes financiers (et pas que financiers) et les connivences entre les rédacteurs de la grande majorité des titres de la presse Française. Comme l'explique Halimi, France Inter est une radio publique (si ce mot est encore autorisé et a encore un sens) et ne devrait pas ou très peu répondre à des impératifs d'audimat et une logique commerciale.
Le problème est que l'information sert - devrait servir - à former des esprits libres et citoyens, à élargir nos idées sur tous les sujets, à questionner les choix faits par nos sociétés, au niveau politique, économique ... l'information a perdu ce rôle, les médias tournent en rond et n'aiement pas visiblement que l'on se suive pas le courant.
Acrimed, qui milite depuis 10 ans pour des médias différents et une vision plus éclairée des médias actuels, propose sa vision de l'affaire. Intéressant de lire leur analyse sur l'évolution, la dérive de France Inter, dont le 7-9 ne peut être écouter sans une vraie distance, sous peine de dégout matinal.

Je ne peux que vous inviter à aller signer et à demander autour de vous de le faire, la pétition lancée par le site la-bas. org. Le site en question, pour ceux qui ne le connaissent pas, permet de réécouter les anciennes émissions, ce qui est bien pratique pour ceux qui sont gênés par cet horaire de 17h - ce qui laisse imaginer le désastre d'un horaire éventuel de 15h - et qui me laisse penser que l'audience réelle de l'émission est bien supérieure à celle "mesurée" par médiamétrie.

11 comments:

Brigetoun said...

bien sur je l'ai signé - mais ça fait partie d'une remise en ordre générale - le 7-9 qui me rebroussait parfois le poil peut de moins en moins être qualifié par des êtres bizares de "gauchiste" et va devenir impossible à écouter pour qui veut maintenir la santé de son cerveau

coco_des_bois said...

C'est clair... vraiment bizarres ces gens là. Je me souviens du foin que la disparition de la chaine de télé La Cinquième avait causé, et pourtant...

Anonymous said...

Cette histoire cela me fait penser a un article d'un americain qui disait qu'il y avait un marche pour une chaine de l'opposition (a la FOX mais pour les democrates ou les liberales comme ils disent labas) et se demandait pourquoi personne tapais dans ce marche (48% des etatsuniens on vote pour Kerry). Et un autre journaliste qui a eut un prix de journalisme lui repond dans l'editorial du LA Times et explique qu'une telle chaine est inconsevable! Cela pourrait carrement nuire a la democratie, c'est hilarant! Meme MSNBC/Newsweek ne veux pas se place sur ce marche car selon eux point de salut sans neutralite. C'est ce que j'ai compris. Cela fait peur.

Mais serieusement aujourd'hui qu'est ce qu'on en a faire que quelque capitacon veulent nous couper les l'herbes sous le pied ? Grace a internet la distribution n'est plus entre les mains de quelques personnes, tout le monde peut diffuser ce qu'il veux. Vive internet.
Bien sur vous me direz que tout le monde n'a pas internet. C'est pourquoi il faut developper les reseaux citoyens wifi... developpons le wifi ou l'internet sans fil et liberons nous. On n'aura plus a se faire enculer par les operateurs telephonique qui investissent des milles et des cents dans des technologies dont l'interet est de ne pas etre accessible aux citoyens.

Toutes les structures legales existent pour creer ce monde parallele.

deligne said...

La concentrations des médias français dans les mains de qqs gds groupes industriels, qui n'ont à la base rien à voir avec le journalisme et l'information, est une situation qui rélève, là encore, d'une spécificité de la France, par rapport aux autres démocraties.

Pour ce qui est de l'audio-visuel publique les Français refusent toute augmentation de la redevance, alors que c'est une contribution parmi les plus faibles d'U.E.

Ce qui a pour conscéquence la faiblesse des moyens du public et donc sa course à l'audimat avec le privé pour qqs rentrées publicitaires qui permettent d'améliorer l'ordinaire.

Reste à juger de la qualité des journalistes qui sont engagés par cooptations, plutôt que sur leurs capacités à faire du bon travail.

Ajoutez à cela l'auto-censure et une liberté d'expression qui bat de l'aile, plus une "judiciairisation" à outrance de notre société, avec un auditoire-lectorat qui ne demande que de l'info de proximité qui doit être attrayante, facile à digérer, etc... alors, vous comprendrez que bientôt il ne nous restera plus que les yeux pour rigloler :-))

coco_des_bois said...

Ahelus, merci pour ces ptites infos, j'ai visionné Outfoxed, mais je ne prends pas trop de temps pour me pencher vraiment sur les USA. On a pas mal déjà à faire avec notre propre démocratie ;)

Je compte écrire un article sur le bouquin de Paul Nizan "les chiens de garde", qui date de 1932, écrit à 27 ans, il est hurlant de vérité et d'actualité.
Dès que le système perçoit la menace, il s'arrange pour inverser les rôles, mais le retournement d'idées a ses limites, et je voudrais bien comme toi que l'usage éclairé d'internet se propage.

scheiro Oui le "peuple" demande souvent des choses simples, mais simple n'est pas incompatible avec varié et ouvert. Le gavage du peuple avec de la merde est un crime, les médias et les faux penseurs sont complices.
A écouter, le procès en réhabilitation de BHL sur là bas si j'y suis ... excellent.
Honnêtement, autour de moi je connais peu de gens qui se vantent de regarder TF1, pourtant au final tout le monde le fait, pour des raisons diverses, mais de toute façon le reste est équivalent; mais mon propos, c'est qu'inconsciemment ou non, les gens se rendent compte de la merde avec laquelle ils sont gavés, mais ont du mal à s'en détacher.

Là où l'imposture joue à fond, c'est dans la littérature, la presse. Même une saloperie comme 20 minutes a une image d'organe "neutre" d'information, et ça, c'est énorme, aussi énorme que de faire passer Libé pour un journal de gauche ! Et pourtant c'est dans les têtes.

Anonymous said...

J'ai signé également cette pétition pour le confort d'écoute de ceux qui n'ont pas accés à la radio avant 17h00 ou qui n'ont pas Internet.
Même s'il est parfois irritant, Mermet est tout de même indispensable.

Cette grille d'Inter est vraiment malmenée, la disparition d'Alain Rey, où est passée Zoé Varier, bref, la reprise en main poursuit doucement son petit bonhomme de chemin.

deligne said...

Je ne peux pas me prononcer sur l'émission de Daniel Mermet car je l'ai trop peu souvent écoutée pour me faire une opinion un tant soit peu valide sur cette question.
Mais je suis globalement d'accord pour sur les problèmes mis en avant dans ce billet en ce qui concerne les médias français.

Par contre, Coco, vous pouvez discerner une bonne émission d'une mauvaise parce que vous vous êtes forgé un esprit critique, même s'il est emprunt d'une idéologie certaine, car sinon vous ne penseriez pas que "l'information sert - devrait servir - à former des esprits libres et citoyens".

Malheureusemnt, ceux qui contrôlent l'info pensent le contraire et c'est jusment ce qui leur permet d'avoir la main mise sur les médias, tout en octroyant qqs espaces aux penseurs "libres" afin de donner l'illusion que tout baigne dans la meilleure des démocratie....

Heureusement, dans ces Etats, qui comme la France, ne sont pas tout à fait totalitaires, des interstices existent. Il faudra juste veiller à ne pas s'y faire trop coincer les doigts........

coco_des_bois said...

On est bien d'accord Mikkado, j'ai atteint cette réflexion, mais je dois l'avouer sans trop d'effort, et je réclame le droit à la majorité des gens de l'atteindre aussi et ce, sans trop d'effort non plus.
C'est pour cela que l'état via les radios (et télés, on peut rêver) publiques, doit assurer cette pluralité, et en théorie, elle devrait également assurer la diffusion du rôle qu'elle attribue ou souhaite attribuer à ces médias publics !

Mais ça n'en prend pas le chemin, loins de là.

Anonymous said...

Ahlala, c'est effectivement très dommage ce qui se passe sur Inter, "la" radio qu'on écoutait traditionnellement à la suite de ses parents, mais que beaucoup d'auditeurs "historiques" quittent ou vont quitter. Pour ma part, je me suis re-branchée sur RFI, et j'apprécie énormément l'ouverture au monde (et du coup, la relégation des borborygmes des sarko & ségo à ce qu'ils sont : de la non-info, à peine mentionnés, alors que sur inter ils sont décryptés sans fin dans des simulacres de journaux). Cette station-là fait preuve d'une bonne hiérarchisation des informations, et les analyses sont autrement plus fouillées que la pensée molle et consensuelle (et retorse !) des faux bien-pensants d'Inter.

Pour Mermet, il est parfois insupportable, mais aussi indispensable.

deligne said...

@CoCo : >Oui le "peuple" demande souvent des choses simples, mais simple n'est pas incompatible avec varié et ouvert. Le gavage du peuple avec de la merde est un crime, les médias et les faux penseurs sont complices.

En effet, ce peuple est comme une bête féroce dont le naturel sauvage s’est amolli dans la prison et façonné à l’esclavage. Qu’on la laisse libre dans les champs ; incapable de se procurer sa nourriture et de trouver des repaires pour lui donner asile, elle devient la proie du premier qui cherche à lui donner des fers. C’est ce qui arrive à un peuple accoutumé à se laisser gouverner. [Machiavel]

Je suis d'accord avec Ko, RFI est certainement la radio qui a pour le moment les journalistes les plus compétants.

coco_des_bois said...

bah j'essaierai d'écouter RFI le matin à laplace de l'infâme 7-9 de france inter, mais les conneries de JMS vont me manquer, merde il est quand même balaise.