De la Répression


Je repense à No Logo.
Ce livre m'a ouvert les yeux sur pas mal de choses, et en prticulier sur l'action, l'action militante, celle qui vient des trippes. Starhawk avec son livre Parcours d'une altermondialiste, donne une idée assez effrayante des événements auxquels elle a participé, dont le sommet de Gènes en 2001. La violence qui est relatée est absolument sans commune mesure avec les mouvements de manifestation, mais en revanche elle est à la mesure de la puissance des autorités du G8, à l'image des rapports de force entre les pays présents et ceux exclus, entre les organisations présentes et celles à qui on ne donne pas la parole.

Un auditeur de France Culture mis en examen, pour quelles raisons ? Pour les mêmes raisons que vues plus haut, la différence de niveau entre l'attaqué et l'attaquant.

Des manifestants anti-CPE sont envoyés en prison, au mieux, de la prison avec sursis, est-ce normal ? Oui, parce qu'ils n'obéissent pas à des ordres de dispersion, parce qu'ils ont résisté à une interpellation, parce qu'ils n'avaient rien à faire dans la rue, et que de toute façon il n'y a pas de cause qui justifie d'attroupement de la sorte. J'apprends quand même qu'il est possible d'^tre violent avec un CRS, alors qu'il est bien évident que l'inverse est impensable, ou au pire autorisé. Injures, coups, violence, tout est relatif, la raison du plus fort est toujours la meilleure, c'est con, mais c'est vrai.

Des manifestants anti-nanotechnologies sont jugés pour des faits graves, méthode policière pour empêcher la polémique, bloquer les débats éventuels ou pire, une remise en question de directions prises par des gens importants... des scientifiques qui, comme pour les OGM, prétendent savoir et donc de ce fait, avoir le droit de choisir les directions à prendre. Il faudrait leur faire confiance. On entend beaucoup d'entre eux expliquer que non, l'armée n'est pas derrière ces technologies et que non, ce n'est pas l'interêt de grand groupes financiers, mais celui de l'avenir, celui des gens, de tout le monde. Mais quelle force soutient des recherches sur des moteurs propres, la police ?

Un fils de président tchadien, pour ne pas le nommer, un ministre pour ne pas le nommer non plus, bénéficient eux de clémence particulière, mais c'est normal, à l'image d'un patron de gaz de France, certaines personnes sont importantes et il faut leur assurer des revenus et une protection supérieures...

La répression, à la base, c'est quoi ? Sanctioner une infraction, ok. Depuis longtemps, c'est quoi dans l'esprit du public ? La répression policière donc, celle qui tape, celle qui fait mal, et à priori celle qui est injuste ? Signe des temps, lire les articles du Diplo sur les ventes d'armes légères, il est considéré en Europe comme dangereux pour un peuple d'alimenter un gouvernement en armes pouvant servir à la répression. On parle donc d'une répression "injuste", implicitement, parce que le peuple a le droit de s'exprimer hors pression violente de la police. Mais ça, c'est bon pour des pays où on sait qu'il existe manifestement des problèmes de gouvernement (que l'on alimente via nos ventes d'armes d'ailleurs)... mais pas pour un pays comme la France.

En France, le problème c'est quoi ? C'est que le peuple ne comprend rien, nous sommes en démocratie, nous avons des élites, et nous devons les écouter. point. Alors quand quelques milliers de connards n'ont pas compris et qu'ils croient malin de descendre dans la rue (qui n'est pas à eux mais aux voitures qui engraissent le PIB), faut bien leur taper dessus, logique, parce que non seulement ils n'ont pas compris que tout ce que l'on décide à leur place sous couvert de démocratie élue est bon, mais en plus ils feraient bien de manifester sans bruit ni violence, violence qui ne servirait à rien puisqu'on a déjà décidé pour eux !

Alors si on est poussé à l'action, il faut lire Starhawk, lire ses pensées sur la non-violence, sur toute une organisation mentale face à la tentation de céder à la violence, face aux agressions des forces de l'ordre, ne pas répliquer... C'est tout une réflexion mais telement difficile que je ne pourrais pas donner mon opinion tant elle dépend de la situation.
La violence, on la voit dans les manifestations, on voit des gens lourdement armés et protégés s'acharner sur des gens qui ne le sont pas, des gens qui sont pourtant eux aussi, violents la plupart du temps, mais cette violence n'est rarement comparable, et sans même donner le moindre jugement sur l'une des deux. La police qui tire à balles réelles sur les manifestants Argentins dans la rue, c'est justifié parce que les gens dégradent des choses dans les rues ?

Le soucis à mon avis, c'est que la violence entraine toujours la violence, c'est tellement banal comme phrase que ça semble débile. En revanche, là où ça commence à partir en live, c'est quand la non-violence est réprimée dans la violence, c'est quand la légitimité de la répression est devenue implicite et inégalitaire.

Je rajoute une référence vers un article de soutien en photos aux manifestants inculpés, une autre approche de l'image des manifestations et de la répression.

9 comments:

deligne said...

Je ne te suis pas trop dans ta logique sur ce billet car tu amalgames pas mal de choses qui convergent sous le terme "violence" mais qui ne sont reliées entre elles que par cette dénomination.
S'il s'agit de condamner la violence tu trouveras sans difficulté des bloggers pour te soutenir et que cette violence se fasse au nom de la raison d'Etat, ne change rien à l'affaire c'est tout aussi inadmissible.
Et si tu découvres que l'on vie sous le régime d'une pseudo démocratie, alors bienvenue au club :-))

coco_des_bois said...

Ouais en fait je pense que je parle plutôt de répression que de violence, le titre pue ...

Je pense surtout continuer à développer mes idées sur la non-violence militante et la répression policière des manifestations, c'est mon propos ici, même si je t'accorde qu'il est assez bordélique.

tiens comme c'est mon article, je vais le modifier :)

deligne said...

Si tu modifies ton article mes comments n'auront plus aucun sens, à moins que tu ne fasses états des modifs.
Mais, ce n'est pas grave.
En tout cas, l'article auquel tu renvois et qui concerne Fr Culture m'a vivement intéressé. Idem pour les manifs anti-nano.
Le Tchad comme pré-carré de la France reste encore bien trop ignoré...
Mais ton billet mérite d'être refait, car il estimpossible de traiter tout à la fois de sujets qui n'ont qu'un rapport assez lointains entre eux.
Coco-copie à revoir ;-))

coco_des_bois said...

Merci pour tes commentaires en tout cas, j'en prends bonne note !
Concernant la modification, j'ai modifié le titre, ce qui replace un peu mieux le contexte.

On a quand même très peu parlé de la répression des manifs anti-nano, j'en ai eu vent grâce à l'émission de Daniel Mermet sur France Inter.

Anonymous said...

Oui,

- sauf que le mouvement altermondialiste (et ses stratégies non-violentes) dont parle Starhawk est mort à Gênes sous les coups de la police italienne.
- sauf qu'à toujours valoriser la non-violence nous nous exposons à la passivité la plus radicale…

Penser la violence, c'est penser la soumission dans laquelle nous sommes enfermé-e-s, c'est décider d'y résister et de ne plus nous laisser faire. C'est aussi en ce moment la plus sûre des protections en manif, celles et ceux qui s'en sont le plus pris plein la face ces derniers temps étant plutôt les partisans de la non-violence. Non pas la violence que nous pratiquons, mais au moins brandir la menace que "nous saurons répliquer par la violence" si nous sommes réprimés, matraqués, gazés, emprisonnés, arrêtés, tabassés.

Après, toutes les stratégies sont possibles, pourvu que ce monde s'écroule.

'lut.

Anonymous said...

Salut, j'étais à Genes quand j'étais étudiant. Je dois dire avoir été impressionné et marqué par le déployement de force de l'OTAN, de l'armée Américaine et Italienne.
Mais surtout j'étais frappé par le nombre de systèmes de guerre déployé dans la ville: on pouvait voir ainsi des missiles sol air destiné à empécher l'approche d'avions. Une info du FSB avait ainsi fuité, revélant la possibilité qu'un avion suicide soit balancé sur les batiment du G8...

A part ca, je n'aime pas StarHawk, qui pour moi est typiquement une post moderne, accordant plus d'importance aux bavardages qu'à la réalité de la lutte.

Comment caractériser quelqu'un prétendant lutter contre le FMI et la Banque Mondiale par des rituels magique?

Un seul mot me vient: une Conne.

Rien ne nous fait plus de mal que cette gauche molle, narcissique, plus epris de bavardages et de poses que de luttes concretes et rationnelles.

Je suis de tout coeur avec Jean Bricmont et Sokal.

Anonymous said...

Et pour completer ma pensée, j'ajouterai que ce bouquin est publié par Synthélabo, labo pharmacologique dont le patron joue les Laurent Le Magnifique.

Si j'etais à sa place, c'est exactement ce que je ferais: je subventionnerai les idées les plus irréalistes et les plus inefficaces à Gauche, en jouant sur le snobisme intellectuel, afin de discréditer la bonne vieille Gauche rationnaliste..

Avec des Radicaux de ce type, le Capitalisme n'est pas prêt de s'effondrer.

coco_des_bois said...

Faut pas non plus déconner, on ne valorise pas "toujours" la non-violence, loin de là.
J'en parle juste comme d'une réflexion, qui ne me semble pas forcément débile.

Starhawk ne prétend pas lutter contre ces institutions par des rituels, ses rituels sont son énergie, c'est son droit, chacun tire son énergie d'opposition où il le peut et en fonction de son histoire propre. Elle ne condamne pas pour autant les différents mouvements qui composent les alter et qui usent de la violence pour résister à la répression policière, elle les comprend.

Je ne pense pas que lire les livres de starhawk pousse à la non-action, mais c'est juste mon avis.

Je vais creuser cette histoire de lien entre Sanofi et l'édition des empêcheurs de penser en rond, merci pour l'info.

coco_des_bois said...

Alors voilà, encore une fois il faut chercher un peu plus avant, dans l'état actuel de mes recherches, les éditions Les Empêcheurs de Penser en Rond n'ont plus aucun lien avec l'Institut Synthélabo et font partie des éditions du Seuil.

A lire sur le sujet.